mercredi 14 mai 2014

M. Sarlon

Ce qui suit est le début, avec le lancement intégré. Nous vous demandons de bien vouloir respecter ces quelques règles pour votre passage :
- L'action se déroule au moment des catastrophes, en 2043.
- On suit M. Salron, qui va se réveille à l'hôpital, après un accident qui l'a défiguré.
- Le texte a pour but de montrer les catastrophes, et de nous faire découvrir M. Salron.
- Il serait sympa d'intégrer une rencontre avec un des personnages du CLV.

Nous nous occuperons de la mise en page (paragraphes, etc...) à la fin ! Donc ne vous inquiétez pas si c'est un peu le désordre.

Merci ! ;)

Mise à jour : Safran + La Chameauteure + Aile 2 + Plume Azerty + Violette + Lutiboule + Bokalieee + Lisonnette + Aqua + LaMasquée + Leeko + Elle + Aile 1 + PeachyPye + Blondinette + Tic-Tac-Toe + Papergirl + Le Saule Pleureur + Mécrivain + herbe folle + Titelilou +  Yoko + Trois P'tits Points + My name is Nobody + Diablo91 + Actarus + PtiteLu + le petit grand nain + Myr + Ewen





Un bruit. Minuscule. J’ouvre les yeux.
Bip.
Encore un.
Bip.
Je me redresse.
Bip.
Esprit brumeux. Flou.
Bip.
Où sont mes lunettes ?
Bip.

Sous mes doigts, du papier. Un livre. Je déchiffre péniblement. Le… retour… du… roi. Et aussi le mien.

Bip. Bip. Bip.
« Il se réveille ! »

De grands yeux penchés sur moi. Tellement heureux. Je m’y raccroche. À tâtons, je cherche. Une main.

En vie. Enfin.


Les livres nous aident à vivre. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivé. La musique décuple nos sens, le contact nous rend humain, les livres nous aident à vivre. *


« J’ai eu tellement peur pour toi ! »


Les larmes jaillissent des yeux de Nathalia. Elle me serre contre elle à m’étouffer, mais cette étreinte me réchauffe tellement le cœur que je ne dis rien. Où suis-je ?


Mes yeux fouillent la pièce. Murs blancs. Sol blanc. À travers la porte entrebâillée, j’aperçois un petit garçon blond blotti dans les bras d’un docteur, les joues baignées de larmes.


« Maximilien… Regarde-moi… »


Je pose mes yeux sur mes mains. Elles sont serrées sur les draps, blancs. Tout est blanc, trop blanc.


J’entends Nathalia qui me parle, qui m’appelle. Et aussi, le petit garçon qui pleure.


Mais qu’est ce que je fais ici ?


« Nathalia, qu’est ce qui m’est arrivé ? »


Elle s’arrête un instant, scrutant mon visage. Ses lèvres m’attirent.


« Mon… mon chéri… on était près du lac, tu sais, pour le pique-nique. Un petit week-end, rien que toi et moi, au bord de l’eau, et… et un éclair a fendu le ciel. Tu as eu de la chance. (Elle jette un coup d’œil vers la  porte.) Celui qui était sur le bateau est mort… »


Des souvenirs indistincts refont surface, mais ma tête est lourde. Si lourde...
Soudain, des milliers de papillons colorés apparaissent et s'agitent devant moi, avant de devenir de simples points de lumière tandis qu'un tourbillon les emporte et les remplace par le noir. Le néant.


Un long tunnel. Au bout, de la lumière. Je flotte, je ne sens pas mon corps. Aucun bruit, aucun souffle. Le vide.


Puis un son infime me parvient. Il semble venir des profondeurs de la Terre, ou du plus haut des cieux. Ténu, distant, étouffé.


Bip. Bip. Biiiiiiiiiiiiip...


Une voix résonne.
« Non, non ! Maximilieeen ! Qu'est-ce qu'il se passe, aidez-moi, infirmière ! »
Je connais cette voix. Nathalia. Oui, c'est elle, c'est Nathalia. Ses mains me secouent en tous sens tandis que des sanglots la gagnent. Je rouvre les yeux, les plante dans ceux, inondés de larmes, de Nathalia. Elle soupire de soulagement.
« Oh, Maximilien ! J'ai cru... j'ai cru que tu étais reparti... Oh, mon dieu, tu m'as fais tellement peur ! »
Oui, j'étais reparti, en route vers la mort. Mais ses pleurs m'ont ramené à la réalité, et cette fois-ci, avec mes souvenirs. Je me souviens...

De l'eau agitée.
Ce ne sont pas des souvenirs clairs qui me parviennent, plutôt des images. Je sais maintenant ce qui s'est passé.
Un bateau au milieu du lac.
Les larmes dévalent mon visage, impossible de les arrêter maintenant. Je fais face aux souvenirs et les reçois tous comme des coups au visage.
Un homme à la mer.
J'aurais dû l'aider… N'est ce pas ce que j'ai fait ? Je lève la tête, Nathalia me regarde.
« Tu n'aurais pas dû sauter … C'était trop dangereux... J'aurais dû t'en empêcher mais ... »
Ses pleurs redoublent de puissance tandis qu'en moi la tempête fait encore rage.

D'énormes vagues. Dans un lac ! Un bruit assourdissant. Des cris.
L'homme du bateau est mort, Nathalia me l'a dit. Pourquoi s'apitoyer sur mon sort alors que d'autres n'ont pas eu ma chance ? Alors que partout autour de moi, des enfants orphelins perdus semblent complètement terrorisés ? Ils ne comprennent pas ce qu'il se passe. Et moi non plus. Je hais les scientifiques : ils auraient dû prévoir cet éclair. L'éclair... Oh non. Je me tourne vers ma compagne, et le cœur au bord des lèvres, je lui demande : « Nathalia. Décris-moi.
- Tu... tu as changé...
- Je sais... Mais comment suis-je maintenant ? Dis moi. S'il te plaît... »

Ma voix se brise. Si elle ne veut rien me dire, elle qui d'ordinaire est si franche, c'est que je ne vais vraiment pas bien. Je lui prends la main.

« Nathalia... je t'en supplie... »

Mais elle se détourne, le visage ravagé par les larmes.
Je n'en saurai pas plus d'elle.

« Nathalia, je peux avoir un miroir ?
- Pas... pas aujourd'hui. L'infirmière a dit non. »

Le désespoir me submerge. Je replonge dans l’inconscience.

Bip.

Seul ce son me maintient vivant.

Mes yeux se posent sur le petit garçon.

« Nathalia, qui est-ce ? »

Elle baisse la tête, l’air bouleversé.

« Cet orage… cet orage n’a pas fait qu’une seule victime, chuchote-t-elle. Son père a également été touché par la foudre, alors qu’il donnait un concert. Damon n’a plus personne. Les infirmières s’occupent de lui en attendant de lui trouver une famille d’accueil. Ou… »

Sa voix se brise. Elle regarde le petit Damon d’un air attendri et lui fait signe de venir. Il s’avance d’un air timide, et elle pose ses mains sur ses épaules d’un geste protecteur.

« Il me tient compagnie, quand tu sombres dans l’inconscience… »

Coup de poignard.
Un enfant... Elle a toujours voulu un enfant. Je n'ose pas croiser son regard et tente de sourire au petit garçon.
« Bonjour, Damon... »
Son regard se rempli d'horreur en une fraction de seconde. Il pousse un cri déchirant et se retourne, enfouissant son visage terrifié dans le tee-shirt de ma compagne qui le serre contre elle. Il tremble...
Mais que suis-je donc devenu pour faire peur à ce point ? Je déglutis. Je croise les yeux de Nathalia et y vois l'horreur, l'amour et la peur mêlés. Je lève une main tremblante vers mon visage...

Biiiiiiiiip.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine.
Bip.
Nathalia a les yeux baissés sur le sol et caresse lentement les cheveux du petit garçon.
Bip.
Mon rythme cardiaque s’accélère dangereusement...
Bip.
Damon se retourne et fixe mon visage.
Il lève lentement les yeux et plonge ses sombres pupilles dans les miennes.
Bip.
Il ne sourcille pas.
Il soutient mon regard attristé.
Bip.
Je détourne la tête.
Bip.
Maintenant je me souviens.
Je me souviens des nuages, de la foudre et du tonnerre. De ce grand flash blanc, du cri désespéré de Nathalia, et de... ce petit garçon.
Un ange venu en Enfer.
Une lumière dans l'obscurité.
Bip.
Je plaque ma main sur mon visage.
Je pleure...


Je laisse mon visage exprimer ma douleur. Il se contracte. Mes muscles se tendent. J'ai mal. Mal...

Bip.
J'essaie de me calmer. De reprendre mon souffle. Je passe mes mains sur mes joues, pour chasser mes larmes. Et je sens... une boule. En bas, juste au-dessus de mon menton. Stupeur.
Bip.
Puis j'oublie ma douleur. Mes doigts glissent vers mon nez, mon front, ma bouche. Ils ne sont pas aux endroits habituels. Mon nez s’est aplati, il arrive presque à ma bouche.
Bip.
Je redécouvre mon visage.
Bip.
Puis je réalise une chose. La chose. Ce n'est pas une figure humaine que je touche.
Bip. Bip. Bip. Les bips emplissent mon esprit, le vidant de ses pensées.
Bip.
Mais l'une d'elles me rattrape. Inexorablement.
Bip.
Je n'ai plus figure humaine. Je ne suis plus humain.
Bip.
Les larmes, de nouveau.
J'ai mal. Très mal. Je serre la main de Nathalia, qui s'est assise sur mon lit.
Bip. Bip bip bip.

« Maximilien… je suis désolée...


Des larmes envahissent ses yeux.


- Nathalia, je… je ressemble à quoi ?
-  Max…
- Dis-moi…

Elle détourne le regard. Elle ne veut pas me le dire. Elle cherche à se dérober.

- S’il-te-plait !

Je mets toute ma force dans cette supplication, toute ma douleur.

- S’il-te-plait, Nathalia. Regarde-moi et dis-moi !
- Tu… es…, hésite-t-elle.
- C’est quoi ça ? interrompt Damon, mon exemplaire du Retour du Roi à la main.

Le petit garçon n’a pas l’air de reconnaître un livre et la préciosité de celui-ci. Maudite génération de gadgets  électroniques qui ont éliminé les livres comme beaucoup d’autres choses…

- Un livre, un grand chef d’œuvre, réponds-je.

Un brusque sentiment d'abandon me saisit. Plus rien ne me rattache au monde des humains. Je suis défiguré, marqué à vie, seul. Nathalia m'aime pour dix, je sais, mais tout son amour ne me sauvera pas des regards des autres.
J'ai le Retour du Roi. Ma vie avant l'accident. Mes notes, mes joies, mes peines, mes pensées, consignées dans ce livre. Je l'arrache presque des mains de l'enfant, mon trésor, mon précieux...

- Un chef-d'œuvre, comme Voodoo Child de Jimi Hendrix ?
- Quoi ?
- Mon père il disait tout le temps que Jimi Hendrix c'était le meilleure guitariste, que c'était son modèle !

La seule pensée de son père suffit à le faire perdre sa bonne humeur. Ses grands yeux noirs se remplissent de larmes, ses lèvres tremblent et il éclate en sanglots.

Jimi Hendrix... Je ne suis pas un grand fan de Rock, mais j'ai pourtant quelques albums de lui. Je crois même avoir "Alexis : Bold as love" en CD, c'est vrai qu'il était bon...

- Il avait raison, ton père. Jimi Hendrix était très doué, dis-je avec douceur.

Le garçon relève la tête et frotte ses yeux rougis en reniflant.

- Papa jouait encore mieux ! C'est lui mon modèle à moi !

Un sentiment de fierté s'est dessiné sur son visage. Nathalia lui passe la main dans les cheveux, émue.

Une infirmière s'avance dans la chambre, je ne l'ai pas entendue entrer...

- Bonjour Maximilien, comment vas-tu aujourd'hui ? demande-t-elle d'une voix fluette.

Elle affiche un grand sourire. Mielleux.
A côté de moi, Nathalia me regarde avec les mêmes yeux compatissants. Plein de pitié.
Ils m'assaillent de toutes parts.
Leurs regards mielleux.
Hypocrites.
Emplis de pitié.
Pleurer.
Compatir.
Faire semblant que cela les atteint.
Déverser leur pitié.
Ils sont tous là, autour de moi. J'en ai marre. Je ne veux pas de leur pitié. J’ai envie qu'ils s'en aille. J'ai envie qu'ils me laissent tranquille.
J'ai envie de hurler.

- On va laisser Maximilien se reposer un peu, hein ? reprend l'infirmière.

Nathalia la suit dans le couloir.
Seul le petit garçon reste. Son regard à lui n'est pas empli de pitié. Seulement de curiosité.

- Dis, tu sais où il est, mon papa ?


Je déglutis difficilement.

- Ton père est mort, dis-je dans un murmure presque inaudible. Je ne sais pas où il est désormais.

Damon reste muet. Un léger voile de tristesse embrume, soudain, ses yeux.

Je devine que ce n’était pas la réponse qu’il attendait.
Il voulait que je lui dise que son père était au ciel, jouant de la guitare électrique, heureux, parmi les anges…

Mais, c’était plus fort que moi. Il devait savoir ma vérité:
J’ignore ce qu’il y a après la mort.

Elle est un mystère.
Personne ne peut nous dire ce qu’il découvrira dans cet au delà.

La mort…
Elle m’a toujours fait peur.

Damon pleure silencieusement. C'est à peine si l'on entend ses petits sanglots précipités. On voit juste des larmes qui roulent sur sa figure de petit garçon. Sa figure, si innocente, si belle mais déjà marquée par le chagrin...
Dehors, le soleil se couche et nous couvre d'un éclat orangé. Damon vient se serrer contre moi. Nous restons là tous les deux à contempler ce spectacle, tout en ressassant nos pensées, blottis l'un contre l'autre, unis par notre sentiment de perte.

– Tu as toujours ton père, toi, me chuchote-t-il alors d'une voix entrecoupée de sanglots. Ton livre...

Et bien qu'aucun de nous ne détourne le regard de l'aurore – ou est-ce le crépuscule ? –, je sais tout autant que lui de qui il parle : « Le Retour du Roi », depuis toujours, est mon guide...

– Oui, c'est vrai, chuchote-je en réponse quelques instants plus tard, troublé par la pertinence de l'enfant. Il y a ces choses qui nous entraînent et font de nous ce que nous sommes...

Mais Damon n'écoutait plus. Il avait sombré entre mes bras.

J’ouvre les yeux. Dehors, il fait jour. Le soleil se faufile à travers les rideaux entrouverts. Sur ma droite, une machine égrène des « bips » réguliers. Blotti dans mes bras se trouve un petit garçon, un sourire béat sur le visage. Pourtant, ses mains sont crispées sur le drap blanc.
Comment s’appelle-t-il, déjà ?
Ah oui. Damon.
Soudain, les souvenirs affluent.
Je revois Nathalia, souriante, sur le pont du bateau.
Puis les vagues.
La tempête.
Mon plongeon dans l’eau agitée.
Je voyais l’homme s’enfoncer dans les abysses du lac. Mais je ne pouvais rien faire pour lui. Les poumons en feu, je remontais à la surface.
Je n’ai pas pu le sauver.
Je sais que je n'ai rien à me reprocher. J'étais impuissant. Spectateur.
Pourtant, je me sens coupable.
Je me souviens parfaitement du regard de cet inconnu. Sous l’eau, ses yeux étaient d’une couleur d’aube. Foudroyés et immobiles.
Ils sont restés gravés dans ma mémoire, ces yeux d'azur éteint. Et ils le resteront encore.
Parce qu’ils m'ont immédiatement semblé familiers.
Je ne l'avouerais à personne. Jamais. Mais, lorsque j'ai croisé ce regard presque mort, je n’ai pas vu un homme ordinaire.
J'ai vu Gandalf. Gandalf le Gris sombrant dans la Moria immense. Et avec lui j’ai frôlé le sombre chant des elfes.
Etait-ce un délire ? Une hallucination ? Je ne sais pas.
Mais j'y ai cru. Un instant, j'y ai cru. Je le jure.
Car il a bien fallu que la magie s’en mêle. Un éclair. Sur un lac. Deux
hommes. Bien moins d’une chance sur 10 de survie à eux deux. Un survivant.
Moi.
J’ai survécu. De justesse.
Je pense que je n’ai jamais autant aimé la vie, ce sang qui coule en moi,
cette vigueur dans mes muscles. Et pourtant, la vanité ne s’en est pas
allée avec ma beauté : il faut que je sache.
Près de moi Damon se réveille doucement, bientôt je vois ses doigts bouger, puis
sa main prend la mienne.
Je m’entends alors demander :
« Pourquoi as-tu eu peur en me voyant tout à l’heure ? »
Mais Damon ne répond pas, se contentant d’enfouir son visage dans sa manche. Je le relève doucement.

—Tu peux me le dire tu sais…
Un murmure s’échappe des lèvres du petit garçon. J’en comprends un mot sur deux
—Certaines choses…Pas savoir…Mieux…
Nous sommes interrompus par une infirmière qui entre sans bruit, avec ce même sourire miel qui me hérisse le poil.
—Tiens Damon, quelqu’un a apporté un cadeau pour toi, un joli tambourin !
Un sourire éclaire le visage de l’enfant qui s’empare de l’objet. Il tapote dessus, hésite, recommence, en rythme. Il a apparemment hérité du talent de son père.

Le son de la musique me fait oublier la douleur. L'enfant a les yeux qui pétillent de joie. Pour la première fois depuis l'accident, j'arrive à me concentrer sur quelque chose de beau. Les infirmières viennent dans la chambre pour l'écouter. Les visiteurs s'arrêtent devant la porte et passent la tête. C'est comme si le monde tournait autour de ce petit bout d'homme.
 Je regarde dehors. Le jardin de l'hôpital est couvert de bourgeons. Peu à peu, au rythme de la musique, quelques uns s'ouvrent et de magnifiques roses, tulipes, violettes et marguerites transforment le parterre vert herbe en une constellation multicolore.


Toutes ces fleurs colorées semblent refléter l' innocence, et amènent de l'espoir dans un monde au futur sombre...
Dans son rythme, Damon n'a pas remarqué ce qui vient d'apparaître dehors...
Un trompettiste de jazz a dit : "la vraie musique est en vérité le silence, les notes ne servent qu'à encadrer le silence"....
Mais en voyant le pouvoir de cet enfant, j'acquiers une conviction.
La véritable musique est en réalité les battements du coeur.
Par eux les musiciens et chanteurs s'expriment, les paroliers écrivent ces textes poignants, les compositeurs créent des mélodies inoubliables.... 
Par eux, la musique existe. Je ne sais d'où ce garçon tient un tel bagage musical. 
Mais, certainement, par sa musique, cet enfant peut changer le monde.

Bientôt, Damon cesse sa si jolie mélodie. Le silence se fait, et nos regards se croisent, l'espace d'un instant, je vois en lui la même expression que son père, avant qu'il ne meurt. Je parviens à murmurer un bref merci pour cet instant de bonheur , qui sera gravé , à jamais, en moi. Le jeune garçon baisse alors ses yeux sur mon précieux ouvrage. Puis il me dit d'une voix inaudible:
" Mon père disait toujours, que ce qui nous guidait, et qui comptait cher à nos yeux, il fallait le partager". 
Il a raison, et j'approuve ces paroles, qui sont tellement sages...

Ma main glisse alors sur mon livre.
Je me raccroche à cette relique d'encre et de papier, je le saisi entre mes doigts faibles et une force subite me parcourt les veines.
- Viens là, dis-je à Damon qui me regarde avec ses petits yeux bruns, curieux et furtifs.

Je tapote le côté de mon lit. Il s'assoit précipitamment, un grand sourire étirant ses petites lèvres. J'ouvre mon livre. Et soudain, une certaine crainte me saisit. J'ai peur de lui lire, j'ai peur qu'il n'aime pas. Tout à coup, tout ce qui importe c'est ce que ce petit être peut bien penser. Son grands yeux attentifs m'encouragent à parler. Je tourne la page délicatement, et je commence à lui raconter dans un murmure.

« Trois anneaux pour les rois elfes sous le ciel... »

Damon fronce les sourcils. Les premières phrases lui semblent sans doute un peu étranges. Je me souviens que ces premiers mots m'avaient toujours parus mystérieux, sans que je parvienne à saisir pourquoi... Des paroles surgies d'un autre âge.

« ...Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. »


Le jeune garçon lève le regard, ses yeux se perdent dans le vague. Je continue à lire, avance dans les chapitres, et laisse agir sur l'enfant la magie de ce livre que j'avais toujours tenu pour mien.

« Sam, tapi derrière la porte de l'escalier , eut au passage un aperçu de sa vilaine face dans la lueur rouge»*
Je m’arrêtais un instant.
Damon me regardait, la bouche ouverte, suspendu au fil de l'histoire.

«Elle était toute striée, comme déchirée par des griffes, et barbouillée de sang;de la bave dégouttait de ses crocs saillants. Les lèvres étaient retroussées comme ceux d'une bête. »*

L'orque, personnification du mal, était l'exemple même du génie de Tolkien.

Damon me fixait toujours, il semblait effrayé.

- Les orques peuvent être aussi gentils, non ?


Sa voix était chevrotante, comme s'il redoutait ma réponse. Ses yeux sombres fixaient mon visage. Je passais une main, lentement, sur ma joue. Je sentais défiler sous ma paume des cicatrices, des crevasses, et toutes autres choses peu agréables au toucher.

-Je ne pense pas que les orques soient de mauvaises créatures, commençai-je. A mon avis, c'est à cause de Sauron qu'elles sont devenues des bêtes méchantes et affamées de sang. Car Sauron leur a enlevé leur liberté. Au fond, les orques sont gentils.
Damon, rassuré par mes paroles, ne me quittait pas des yeux. Me prenait-il pour un orque?

Ma main touchait maintenant ce qu'il restait de mes cheveux, autrefois doux et soyeux.

-A quoi est-ce que je ressemble, lui demandai-je d'un ton désespéré, effrayé par la réponse qui pourrait suivre.

Son regard dégageait de la pitié.

-Tu...tu ressembles à... à une gentille créature.

* (Annotation trouvée sur la première page du Retour du Roi de J.R.R Tolkien appartenant à M. Salron).

63 commentaires:

  1. Ça commence fort! Trois personnes en une journée?! Génial :)

    Mais qui est ce petit garçon? (Damon? Serait-on alors au Brésil?) Qu'est-il arrivé à M. Salron?...

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    1. Oui, ça a commencé rapidement ! Merci à Safran, La Chameauteure et Aile 2 pour leur rapidité. Le petit garçon est en fait Damon, donc il est très probable que l'action se déroule au Brésil (référence au texte Mme Thelm). Pour ce qui est arrivé à M. Salron, c'est aux suivants de nous le dire ! :D

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  2. La Chameauteure14 mai 2014 à 20:22

    Wa, c'est trop génial ! Et quelle rapidité^^

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    1. Oui, nous aimons beaucoup le début, merci à vous ! Et nous attendons la suite de Papergirl. :)

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  3. Haha c'est génial ce début :D ! Bravo les filles ! Wouhou ca commence bien !
    (Soit dit en passant, si on continue à citer Tolkien je crois qu'Emmanuel va nous vénérer ^^ !)

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    1. C'est sûr qu'Emmanuel aaaaiiiiimeee Tolkien. Héhé, ça va lui plaire ! :p

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  4. La Chameauteure15 mai 2014 à 18:24

    Argh ! Faute d’orthographe énorme ! "Mon… mon chéri… on été près..." "ON ETE" ?! "On était"!^^
    (ah ah, vérifier que vous n'êtes pas un robot ! Vérifiez que vous n'êtes pas Winog! :) (quand on tape le code))

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    1. En effet ! Nous corrigeons ça tout de suite, merci ! :) Héhéhé, nous nous n'avons pas besoin de taper le code ! :p

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  5. Génial !! J'adore j'adore j'adore de chez j'adore :)

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  6. Ça commence bien ! :D
    Au fait, on écrit Nathalia ou Natalia ? Parce qu'il y a les deux orthographes dans le texte...

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    1. En effet, merci ! Heureusement que vous êtes là ! On va prendre la première orthographe à apparaître dans le texte, donc Nathalia. Merci !

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  7. Ouah, j'adore le début ! Ça commence super bien ! Bravo :D

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  8. Wa, ça commence fort (et bien) ! Bravo à vous trois, c'est superbe :) j'adore ce début !

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  9. (Le petit grand nain / Elisabeth Schlayen (c'est moi à chaque fois, sous un autre compte))

    Encore un éclair ? :) Après Juan (enfin avant du coup), M.Salron...

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  10. J'adore ! Bravo les filles, je trouve ça génial ! J'ai hâte de voir la suite !

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  11. Ta suite est super Aqua !

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  12. Merci lisonnette ! Ton passage aussi est génial, la dernière phrase était parfaite pour me donner de l'inspiration ^^
    Aqua

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  13. La Chameauteure24 mai 2014 à 16:10

    Waaaaa, je suis vraiment fan de cet épisode ! J'avoue que je n'ai toujours pas lu l'autre en entier, je n'arrive jamais à atteindre la fin, mais celui-ci est génial !

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  14. Woooooah, je suis comme la Chameauteure ! Mega fan de cet épisode ! Sérieusement, j'adore ! :-)

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  15. Moi aussi, j'adore ! Je crois que je préfère celui là au premier. Bref bref, il est super, hâte de lire la suite !

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  16. De rien Aqua ! Et merci.
    Les nouveaux passages sont juste géniaux ! Bravo à toutes !

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  17. La Chameauteure25 mai 2014 à 12:20

    J'adore encore les nouvelles parties ! (je vais peut-être arrêter de poster des com' à chaque partie^^)

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  18. Elle et Aile 1, vos parties sont géniales :)

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  19. Hi !
    Ouaah, génial, et ça avance vite ! :D
    Juste, dernière ligne, c'est pas plutôt "répondis-je" ? Breeef.

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    1. On dirait "Répondis-je" si ce texte était au passé, mais là, le texte est au présent. C'est "je réponds", avec le sujet inversé "réponds-je".

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  20. WAW!!! C'est vraiment génial! Ce qui est dingue, je trouve, c'est que tout le monde a beau avoir un style différent, dans les textes communs comme celui-là, ça ne se ressent pas. C'est fluide, on ne peut pas deviner quand s'arrête un auteur, et quand le suivant prend la plume ..
    Bref, bravo!

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  21. Waw ! Encore une fois c'est...*.* Bravo à tous ! J'adore.
    Hé ! Les "Maximileeeeeeeeeeen" sont pas un peu bizarres ? J'avais écrit [PRÉNOOOOOOOOOOOM] pur m'éclater mais euh...c'est pas mieux juste Maximilien ? Là ça fait un peu bizarre xD (je fais la remarque parce que c'est ma partie hein je vais pas corriger les parties des autres ^^)

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  22. Blondinette, c'est génial ta partie sur Jimi Hendrix ! J'adore ! En fait, j'adore tout le texte dans son ensemble, je trouve le mélange de plumes encore plus réussi que pour Mme Thelm... Bravo à tous :D !
    D'ailleurs, on n'a toujours pas de nouvelles de Mme Thelm a propos de sa publication sur le blog... pas que je sois impatiente (Nooooooon pas du tout :D ) !

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    1. En fait, c'est PeachyPye qui, la première, a fait allusion à Jimi Hendrix. :) Enfin... je crois.
      Pour les nouvelles avec Mme Thelm, c'est écrit dans le cadre "en ce moment" : Emmanuel a dit qu'il s'en occuperait... avant l'été. ^^ Donc patience à nous ! :D

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  23. Ouaiiiii du Jimi Hendrix !!!!!!!!!

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    1. On a (enfin en tout cas moi) adoré l'idée, nous aussi !

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  24. Bon, j'ai quelques petites choses à dire ....
    1) Cet épisode est GENIAL !
    2) Ohlalalala j' ai même pas cité un seul nom dans mes comm' de cet épisode -à part Jimi Hendrix XD- !!
    Je m'y mets !
    3) Bravo Safran, La Chameauteure, Aile 2, Plume Azerty ,Violette, Lutiboule, Bokalieee, Lison et Tic-Tac-Toe !!!! Vous parties sont superbes ! J'adooore ^^

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    1. euh...Pas Lison, Lisonnette *pardon pour la faute de frappe* X(

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  25. C'est vraiment bien, c'est super émouvant, ça me donne envie de pleurer!! Mon passage préféré c'est quand M.Salron voit les regards hypocrites des autres, parce que c'est tellement réaliste... Bouhouhou, c'est trop triste...

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    1. Tant mieux si ça plaît, c'est l'essentiel ! :) Par contre, n'oublie pas de signer !

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  26. J'adore, j'adore, j'adore. Les suites sont toutes mieux les unes que les autres. Pour un peu, on croirait que tout le texte vient de la même personne...
    (Juste, à un moment, il y a une petite répétition autour de "pitié". À part ça, rien à redire.)

    Le petit grand nain

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    1. Oui, bravo et merci aux participants ! Et merci à toi pour ta remarque avec "pitié", nous verrons ça à la fin, lors de la relecture.

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  27. Merci beaucoup à tous - co-auteurs et n'auteurs fous -, c'est vraiment extraordinaire ! J'en croyais pas mes yeux quand je lisais le début du texte !
    Bravo, je... Waouh !! :D

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    1. Oui, un grand merci à tous les participants, c'est vraiment génial ! D'écrire, comme ça, à 30 plumes (enfin... on n'a pas encore terminé), c'est... super !

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  28. Mais arrêtez d'écrire aussi bien je vais pleurer *-* !!

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    1. Le résultat est magnifique, on est d'accord. Le fait d'être tous ensemble, d'unir nos mots pour un texte en commun...
      Nous avons hâte de lire ta partie, ainsi que toutes les autres qui ne sont pas encore écrites... ;)
      Et faut pas pleurer, hein!

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  29. Pour ma part, je pleure déjà XD
    Bravo, j'adore, c'est vraiment génial et super émouvant !!

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  30. Waw waw waw ! C'est super !
    Et à propos de la répétition du mot "pitié", je pense que c'est fait exprès. En tous cas, je ne trouve pas ça dérangeant.

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  31. J'adore, vraiment ! C'est magnifique ! Je partage l'avis de lisonnette pour "pitié" ; enfin, en tout cas, je trouve que ça ne dérange pas. Ce texte me plaît énormément !

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  32. Olala, c'est génial ! J'aime de plus en plus ! Seulement : "je vois en lui la même expression que son père, avant qu'il ne meurt", M. Salron connaissait le père de Damon ? Au début du texte, on ne dirait pas que c'est le cas, si ?

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  33. Wow, Actarus !! Ta partie est vraiment très belle ! :D
    J'adore ^^

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  34. Je suis d'accord avec Boka pour l'histoire du père de Damon ! Il faut changer ca !
    Sinon, il est tellement cool ce texte *-* ! Bravo à tous !

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  35. C'est moi qui écrira la fin du texte, mais j'ai peur de déplaire. Donc j'expose déjà l'idée que j'avais eu ici en attendant vos réactions. Alors, j'imaginais que Damon lui tende enfin un miroir et que Mr Salron voit ensuite son nouveau visage. Il pourrait ressembler à un orque ou une créature de ce genre, ce qui serait une fois de plus un clin d'oeil au SdA. Qu'en pensez-vous? J'attends vos réactions!

    Ewen.

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    1. On dit "c'est moi qui écrirai", il me semble ^^
      Pourquoi pas, pour ma part, je suis d'accord, il faut penser à une fin^^
      Et je pensais aussi (après, est-ce faisable en si peu de mots?) que Damon quitte l'hôpital pour une famille d'accueil ou carrément pour le CLV, sans se souvenir du nom du "monsieur" parce que, pour l'instant, il ne semble pas s'en souvenir ou avoir de liens particuliers avec lui. Ou sinon, ça reste sous-entendu.
      Aile 1

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    2. J'adore cette idée, Ewen. Enfin, je n'ai pas envie qu'il ressemble à un orque. Mais qu'il se compare à un orque, oui. Je ne sais pas si c'est compréhensible... ^^ Et l'idée d'Aile 1 me plaît tout autant, il faudrait arriver à faire les deux. ;) Sauf qu'en 100 mots... c'est peut-être un peu juste...

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    3. Ange Lune: J'ai longtemps hésiter avant de mettre "écrira", je ne voyais pas quoi mettre à la place. Mais tu as entièrement raison. Bref, je n'ai pas tout à fait compris ton idée. Qui est ce "monsieur" dont tu parles? Mais sinon, qu'il arrive au CLV à la fin du texte serait une bonne option. Mais les prochaines personnes qui vont écrire leur passage devraient dès maintenant orienter le texte vers cette issue parce que je ne pourrai pas tout faire tenir dans mon passage...

      D'autres réactions?

      Ewen.

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  36. Waaa, ca faisait longtemps que je n'étais pas venue, mais c'est vraiment magnifique *.*
    Bravo à vous tous ^^ !!

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  37. Incroyable ce texte.

    Pour le titre - je ne sais pas trop si c'est le bon endroit ^^ - j'avais pensé à quelque chose en rapport avec le Seigneur des Anneaux, du style "Le retour du roi". Ou sinon, plus simplement "Réveil". Qu'en pensez-vous ?

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  38. "Les orques peuvent être aussi gentils, non ?" Je trouve cette phrase poignante, très subtile. Bravo !

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  39. Et j'aime ausso beaucoup l'idée de safran ! " Le retour du roi" est pas mal, ou alors s on pourrait modifier un mot genre "le retour de...(?)" pour faire référence au livre sans non plus remettre le titre... Mais j'aime les deux ^^

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  40. Hum... Juste pour dire qu'il y a des astérisque au niveau des "citations" (?) du SdA qui renvoient à la même légende (Annotation trouvée etc...). Si ce sont des citations du livre, il faudrait peut-être modifier ça, non?

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  41. Je n'avais pas participé au texte de Mme Thelm mais je viens d'y jeter un coup d’œil et au début il est fait allusion à Damon et à son père, le père mourant dans des circonstances différentes et Damon étant interné. Il ne faudrait pas modifier cela sur le texte à propose de Mme Thelm (pour les lecteurs de JB ça va faire un peu confus sinon).

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    1. Son père meurt bien pareil, pendant un concert, ce n'est pas le père de Damon sur la barque.
      Et il fait un court séjour à l'hôpital, avant d'aller à l'internat ^^

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  42. Woah !!!!! Génial, j'adore, vraiment !! Félicitations ce nouveau texte est sacrément réussi ! :D

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  43. Bravo a tous, ce texte est super !
    Aussi super organisation, vraiment vous gérez !!

    PS : je serai surement injoignable pendant au moins deux semaines, donc même si je pense que vous avez plus "besoin" de moi pour le moment, je préviens juste au cas où ^^ si je réponds pas c'est normal.

    Bisous la compagnie !

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  44. Quelle fin, mais quelle fin ! J'adore !

    Le PGN

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